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Un juge intérieur épuisant? Parlons-lui!

  • Photo du rédacteur: Martine Galland
    Martine Galland
  • 1 oct.
  • 3 min de lecture

Dernière mise à jour : 6 oct.

Connaissez-vous cette voix intérieure qui intervient sans cesse pour commenter, comparer, faire des reproches ? « Tu aurais pu mieux faire. Tu as été nulle. C’est pas assez… »


J'ai accueilli cette lassitude profonde, presque désespérée chez une femme que j'accompagne : « Je ne sais jamais si je prends trop ou pas assez de place. Je me sens souvent rejetée. Quand on me félicite, rien ne s’imprime. Mais une remarque blessante me poursuit pendant des jours. Je suis épuisée de tout analyser, et cette voix intérieure me répète sans cesse que ce n’est jamais suffisant, que je suis décalée, que j’aurais dû ou que je n’aurais pas dû… C’est sans fin, c’est à propos de tout, je n'en peux plus. »

Elle a ajouté que c'était nul... et nous sommes allées à la rencontre de cette voix. Je lui ai proposé de lui donner un nom : “la juge”.


Rencontrer la part qui juge

En IFS (Internal Family Systems), nous considérons que chacun de nous est composé de multiples parts intérieures, chacune jouant un rôle de protection. Certaines prennent toute la place, d’autres se cachent, mais toutes ont une mission.

Je l’ai invitée à fermer les yeux pour voir à quoi ressemblait sa juge et l’image est apparue très vite :« C’est une femme usée, fatiguée, qui note tout sans relâche. Elle est enfermée dans un petit bureau sombre, rempli de papiers et de poussière. Elle ne s’arrête jamais. »

Sa mission ? Maintenir le contrôle à tout prix, surveiller, vérifier, anticiper les catastrophes.


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Découvrir ce qu’il y a derrière le contrôle


Quand ma cliente s’est autorisée à regarder cette juge de plus près, elle a été surprise par l’émotion qui surgissait :« Elle est tellement vieille, fatiguée, seule. Exploitée. Elle n’a jamais le droit de se reposer… j’ai un sentiment d’injustice ! »

Pour la première fois, elle ne percevait plus seulement une critique, mais une part épuisée qui cherchait à survivre. Et cette part, loin d’être toute-puissante, semblait surtout soulagée d’être enfin vue.


Offrir de la compassion à ce qui nous blesse


Je lui ai proposé de choisir un geste de compassion. De manière très naturelle, les yeux fermés, elle a posé une main sur l’épaule de sa juge, et lui a offert un câlin.

Un basculement s’est produit. La juge n’a pas disparu, mais elle était reconnue, soulagée, moins seule.« La prochaine fois que la juge se manifestera avec ses critiques, allez-vous asseoir à côté d’elle. Observez son travail, remerciez-la pour sa vigilance, et rappelez-vous que derrière sa sévérité, il y a sa peur de vous voir souffrir. »

À la séance suivante, ma cliente a témoigné d’une détente et a exprimé de l’émerveillement : « Ça paraît si simple ! ». Nous avons continué l’exploration.


Accueillir plutôt que rejeter


C’est cela, le cœur de l’IFS : au lieu de combattre nos parts les plus dures, il s’agit de les rencontrer et de les comprendre. Car même celles qui jugent et nous épuisent portent, à leur manière, une intention de protection. Elles sont souvent nées d’une histoire marquée par le rejet, la peur, le manque.

La paix intérieure ne vient pas de leur disparition, mais de la relation nouvelle que nous tissons avec elles.

Et dans cet espace où régnait la culpabilité et le contrôle, cet espace où le dialogue intérieur était constant, violent, incessant, paralysant,  peut commencer à naître quelque chose de plus doux : de la compassion, de la confiance… et parfois même, de la joie.

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